Les cryptos de Caro

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Il y a -2sec

Mais qui lit vraiment les white papers ?

Aujourd’hui, on va s’attaquer à un monument de l’incompréhension dans le monde des cryptos : Le white paper.

Tu sais, ce document qu’on te dit de lire pour “comprendre un projet”…
et qui te donne surtout envie de fermer ton ordi et partir élever des chèvres.

“J’ai lu des white papers pour toi. J’en ai pleuré, mais maintenant j’ai des super pouvoirs.”
— Caro, survivante du jargon blockchainisé

Pas de panique. On va décortiquer tout ça ensemble.
Et surtout : je vais te donner une grille claire, drôle et utile pour ne plus jamais te faire embrouiller par un PDF de 17 pages qui t’explique la “méta-transversalité des noeuds de consensus”.

Partie 1 – L’histoire de Léo, qui voulait faire les choses bien

Léo a découvert la crypto il y a quelques mois.
Il a déjà acheté un peu de Bitcoin (pour voir), il a entendu parler de Solana, et récemment, il a vu passer un projet hyper prometteur sur Twitter.

Le truc fait le buzz, y’a un logo stylé, un nom qui sonne bien (ZkMetaWarpX), et des gens qui commentent “🚀🚀🚀 100x soon”.

Mais cette fois, Léo ne veut pas faire n’importe quoi.
Il se dit :

“Allez, je vais faire ce que tout le monde dit de faire.
Je vais lire le white paper.”

Spoiler : mauvaise idée.

Léo clique.
PDF de 27 pages.
Une page de garde, deux pages de disclaimer légal, et dès la troisième ligne :

“ZkMetaWarpX is a modular layer-two sharded rollup infrastructure leveraging multi-chain composability with anti-sybil resilience.”

Léo cligne des yeux.
Il relit.
Il ouvre un nouvel onglet : “anti-sybil définition”.
Il le referme.
Il va chercher un café.

Page 4 : un schéma qu’on dirait sorti d’un manuel d’astrophysique.

À la page 8, Léo commence à douter de sa santé mentale.
À la page 14, il se demande s’il n’est pas tombé sur un document écrit par ChatGPT sous stéroïdes.
À la page 21, il cherche un sens caché, un easter egg, quelque chose.

Et puis il se dit :

“Mais attends. Pourquoi je suis censé lire ça ? À quoi ça me sert ? Et surtout… qu’est-ce que je suis censé comprendre là-dedans ?”

Et c’est là que tout devient intéressant.

Parce que Léo vient de poser la vraie bonne question :

Un white paper, c’est censé m’expliquer quoi, au juste ?

Partie 2 — Cluedo du White Paper : Qui a tué la clarté ?

Un white paper, c’est censé expliquer ce que fait le projet.
Mais dans la réalité ?
C’est souvent un mélange de jargon, de schémas obscurs, et de promesses floues sur fond de “on va tout révolutionner”.

Alors Léo, armé de son café (et d’un peu de courage), décide de mener l’enquête.

“Je vais lire ça comme une fiche Wikipédia.
Si à la fin, je comprends pas c’est que… ce n’est pas moi le problème.”

Étape 1 – C’est quoi le pitch ?

Léo cherche la première info clé : le problème que le projet veut résoudre (pas la crypto hein, le projet). Parce qu’on ne crée pas un projet crypto pour le plaisir de faire souffrir les lecteurs.

Mais là, le white paper dit : “ZkMetaWarpX redéfinit l’infrastructure de demain.”

OK, cool. Et donc ? Pour qui ? Pour quoi ? Comment ?

Ce que Léo apprend à faire :

✅ Chercher le “pourquoi” : à quoi ça sert ce projet dans le monde réel ?
✅ Traduire le bullshit : “réinventer l’infrastructure du Web3” = souvent “on sait pas trop, mais c’est stylé à dire”

Petit rappel pour y voir clair :
Dans un white paper, on parle souvent de “projet” et de “token” comme si c’était la même chose.
Mais c’est pas du tout la même histoire :

  • Le projet, c’est ce que la startup construit : une app, une plateforme, un protocole, une idée.

  • Le token, c’est la pièce de monnaie (la crypto) qui circule autour ou à l’intérieur de ce projet.

Exemple : Ethereum, c’est la blockchain. Ether (ETH), c’est le token qui te permet d’interagir avec cette blockchain. Donc on peut avoir un super projet avec un token inutile, ou un token cool dans un projet bancal.

Étape 2 – Pourquoi un token ?

Deuxième question : est-ce que ce projet a vraiment besoin d’un token ?

Léo lit : “Notre token $ZMWX permet de soutenir l’écosystème et d’assurer l’équilibre décentralisé de la gouvernance participative.”

Traduction : personne ne sait vraiment ce que ça veut dire, mais ça sonne très sérieux.

Ce que Léo apprend à chercher :

✅ Est-ce que le token a une utilité réelle ? → Paiement ? Accès à un service ? Pouvoir de vote ? Récompense ?
✅ Est-ce que le projet pourrait exister sans token ? Si la réponse est oui → le token est sûrement là juste pour faire pump.

Étape 3 – Les tokenomics (aïe)

Léo voit un camembert en 3D. Il a peur.

Il lit : “20% pour l’équipe, 30% pour les investisseurs, 10% pour les advisors, 15% pour le marketing, 25% pour l’écosystème.”

Et là il se demande : ça veut dire quoi ce camembert de répartition ?

Quand tu vois un truc du genre voilà à quoi ça correspond en vrai :

  • L’équipe = les fondateurs et les gens qui bossent dans la boîte → ils touchent une partie des tokens (souvent bloqués dans le temps, enfin… en théorie).

  • Les investisseurs = ceux qui ont mis de l’argent en amont (VC, business angels…) pour financer le projet → ils reçoivent souvent des tokens à prix réduits.

  • Les advisors = les “mentors” du projet (souvent très bien payés pour des conseils flous).

  • Le marketing = budget communication + partenariats + influence + airdrops → donc ça peut partir dans plein de directions.

  • L’écosystème = la case fourre-tout : souvent utilisée pour “la communauté”, les futurs développeurs, les incentives à venir… mais pas toujours détaillée.

Si c’est pas clair à qui vont les tokens, et à quel rythme… méfiance.
Une boîte peut avoir l’air “communautaire” en gardant 80% de la crypto pour elle et ses potes.

Ce que Léo apprend à vérifier :

✅ Qui détient quoi ? (Spoiler : si l’équipe se garde 40%, c’est un plan retraite)
✅ Quand sont libérés les tokens ? (bloqués ou pas bloqués, telle est la question)
✅ Y a-t-il une inflation prévue ? Ou un burn ?

Étape 4 – Et niveau techno, on a quoi ?

Léo voit passer des mots comme “rollup sharded modular zk sync”.
Il respire un bon coup.

Ce qu’il apprend à faire :

✅ Est-ce qu’on comprend en 3 phrases comment le projet fonctionne ?
✅ Est-ce que c’est open-source ?
✅ Est-ce qu’il y a une vraie innovation, ou juste un remix de trucs qui existent déjà ?

Et surtout : “Est-ce que je peux expliquer ce projet à un pote sans passer pour un illuminé ?”

Étape 5 – Qui est derrière tout ça ?

Léo cherche une page “team”. Il trouve trois prénoms et des photos d’avatars.

Il tape sur Google.
Rien.
Il tape “ZMWX partners” sur Twitter.
Rien.
Il commence à entendre une petite alarme dans sa tête.

Ce qu’il comprend :

✅ Une équipe identifiée, c’est toujours mieux.
✅ Des partenaires réels aussi.
✅ Et une communauté qui existe déjà, c’est un bon signe.

“Un white paper, c’est comme un profil Tinder.
Y’a ceux qui mettent juste un pseudo stylé et ceux qui te disent vraiment qui ils sont.”

— Léo, devenu analyste contre son gré

Partie 3 – Léo, après avoir compris le projet

Léo repose son café (le 3e).
Il rouvre le white paper de ZkMetaWarpX avec un œil nouveau.
Fini les effets de style, il va droit au but.

Il pose chaque question qu’il a appris à poser :

  • Le pitch ? Vague.

  • L’utilité du token ? Floue.

  • La répartition ? 0 vesting, 80% dans les mains de gens pas identifiés.

  • La techno ? Semble surtout buzzwordisée.

  • L’équipe ? Invisible.

  • La communauté ? Surement des bots qui commentent “soon moon”.

Et là, Léo prend une grande décision : Il ne va pas investir.

Mais attention — pas parce qu’il a peur.
Parce qu’il a compris.

Et ça, c’est un vrai super pouvoir.

“J’ai pas besoin d’être dev pour savoir si un projet tient la route.
J’ai juste besoin de poser les bonnes questions.”

— Léo, lecteur de white papers reconverti en trieur de bullshit

📍À retenir :

  • Pour lire un white paper il faut une méthode.

  • Ce qui est flou est souvent volontairement flou.

  • Tu peux ne pas tout comprendre techniquement — mais si t’es capable de dire à quoi sert le projet, qui contrôle le token, et comment l’écosystème fonctionne : alors tu as compris l’essentiel.

Conclusion — Le white paper, c’est pas un rite de passage

T’es pas obligé·e de tout comprendre.
Mais maintenant, tu sais quoi chercher, quoi repérer, et quoi fuir.

T’as plus besoin de faire semblant de comprendre “l’architecture sharded cross-chain modulaire avec compression zk scalable”.

Tu peux juste te poser les bonnes questions, et décider avec un peu plus de recul (et beaucoup moins de naïveté).

“Si le white paper te donne mal à la tête,
c’est peut-être pas parce que t’es nul en tech.
C’est juste parce qu’ils sont très bons en flou.”

— Caro, traductrice de bullshit depuis 2021

 

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